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Mentalité de Champion
Pendant les années où vous avez participé à des compétitions de parachutisme à 4 en classe ouverte, vous avez remporté quatre médailles d’or en quatre années consécutives (1987 – 1989 – 1991 – 1993). La pression des 4èmes championnats du monde a dû être intense ! Comment avez-vous géré cette pression et comment cette expérience vous a-t-elle aidé dans votre carrière d’entraîneur ?
Quand nous avons commencé l’équipe de France de FS 4 dans les années 1980 aucune équipe française n’avait remporté de titre. Les attentes étaient donc importantes et la pression également. Nous avons géré et bonifié cette pression grâce à une motivation et cohésion sans faille. La planification de l’entraînement avec un renforcement de nos faiblesses est également la clé du succès. Afin il est important de s’imposer des objectifs élevés mais pas irréalisables.
Individuellement (pour moi) la pression fait partie de la compétition et elle est nécessaire pour accomplir de grande performance et se dépasser. La gestion de cette pression doit se faire en amont de la compétition lors des entraînements ou la rigueur et l’honnêteté sur ses force et ses faiblesses doivent être le leitmotiv.
Si comme parfois j’ai pu le constater en tant que coach vos erreurs ne reposent toujours que sur une causalité externe, ce manque de remise en question sera difficile à gérer en compétition.
L’importance de l’infrastructure
Vous avez entraîné des formations de parachutisme, les Disciplines Artistiques, le Vol Relatif Vertical et le Pilotage Sous Voile. Savez-vous combien de vos athlètes sont devenus champions du monde ? Presque tous dans toutes ces disciplines. Au moins 40 médailles d’or depuis 1985 dans les épreuves majeures. Vous avez commencé à entraîner le Pilotage Sous Voile en 2012, qui était un nouveau sport. Quelle est votre implication dans la détection des talents de la prochaine génération de Pilotage Sous Voile ? Comment le gouvernement français soutient-il ce processus, et les sports aériens en général, étant donné que la France a maintenu un excellent niveau dans de nombreuses disciplines des sports aériens de la FAI ?
Oui fin 2012 j’ai décidé de m’intéresser au Pilotage Sous Voile. Cette discipline nouvelle et peu développé en France était un challenge passionnant puisque tout était à construire. Nous avons donc avec la FFP mis en place des stages de détections de talents, valoriser le championnat de France, inciter des jeunes parachutistes doués à s’entraîner en CP et enfin regrouper un pôle de compétiteurs pour s’entraîner avec pour objectifs devenir champion du Monde.
Le support de l’état français pour le sport est basé sur deux axes principaux :
a) Il fournit des moyens humains conseiller technique, coach et prend en charge leur salaire aux fédérations sportives. Il faut pour cela passer le professorat de sport et que la fédération concernée cible la personne dont elle a besoin.
b) L’état français dispense aussi une aide financière pour l’entrainement des sportifs aux fédérations sportives.
Lorsque vous entraînez l’équipe de France, quelle est votre stratégie pour vous préparer à une compétition internationale ? Vous déplacez-vous à l’étranger pour vous entraîner ?
Oui, nous nous déplaçons régulièrement à l’étranger pour nos périodes d’entraînements hivernales. Nous effectuons également toujours au moins un entraînement sur le site de la compétition à venir.
Il y a quelques femmes parachutistes de haut niveau sur la scène, mais avez-vous des idées sur la façon dont plus de femmes pourraient être attirées par le Pilotage Sous Voile ?
Premièrement je veux saluer les femmes qui participent actuellement aux compétitions en CP. Elles sont au top de la discipline, leurs talents, leurs rigueurs et leurs motivations est souvent une référence pour nos jeunes compétiteurs.
Je sais qu’il est souvent question de faire une catégorie féminine en CP à l’instar du FS. Je ne suis absolument pas convaincu que cela soit une bonne chose.
D’une part parce que si on prend l’exemple du FS cela n’a en rien aidé au développement de la discipline féminine qui reste très confidentielle. D’autre part je pense que les féminine sont aussi fortes et talentueuses que les hommes et qu’elles se battent avec les mêmes moyens que les hommes.
Le CP féminin est comme les disciplines du parachutisme sa représentation est corrélé avec la pratique du parachutisme qui est d’environ 30% de féminine. Le CP demande aussi une grande expérience sous voile donc un nombre important de sauts. Cela est souvent le cas d’anciens compétiteurs d’autres disciplines ou de moniteurs. Le choix se restreint d’autant. Le parachutisme et le CP ne sont pas des disciplines ou les déterminants physiques priment sur la performance il n’est donc pas nécessaire de différencier les genres. Maintenant une solution pour valoriser les féminines seraient de faire un classement féminin lors des compétitions open. C’est-à-dire laisser le classement actuel des compétitions et en plus à l’intérieur de ce même classement sortir un classement féminin. Personnellement, je ne suis même pas sûr que cette valorisation aurait de l’écho auprès des top compétitrices actuelles qui sont aptes à gagner un championnat du Monde open.
Le saut dans de nouvelles disciplines
Quels ont été les développements les plus significatifs dans le domaine du parachutisme en général, depuis que vous êtes compétiteur ? Les souffleries ont-elles contribué à amener de nouveaux participants à ce sport ?
Le wind tunnel est définitivement le plus grand progrès pour le développement du parachutisme. Je reste persuadé que pour valoriser la pratique de la compétition en parachutisme c’est un outil extraordinaire.
En détectant des jeunes à partir de 8/10 ans et en les entrainants aux disciplines de compétitions en souffleries on renforce leurs passions du vol et on accroît notre vivier de talents pour pratiquer en avion dés qu’ils en auront l’âge.
Comment voyez-vous l’évolution de la discipline CP en fonction de l’évolution de l’équipement, par exemple avec les canopées CP et le harnais mutant ?
Le mutant harnais permet des performances prodigieuses mais il demande également une plus grande rigueur dans l’engagement et dans le pilotage. La diminution de la taille des voiles et les vitesses obtenues sont actuellement maitrisées que par peu de compétiteurs. Mais comme tout avancé technologique, gageons que les futurs compétiteurs seront les apprivoiser rapidement.
Maintenant les distances et les vitesses amènent à une réflexion sur les formats de compétitions à développer. Que ce soit en vitesse ou il est difficile de suivre le parcours quand le temps est régulièrement sous les 2’’ voire moins avec un vent arrière puissant.
Il en de même pour les distances au-delà de 200M il y a peu de pond aptes à recevoir des compétitions.
Les différents formats proposés par la IPC sont une alternative à ces difficultés. Il ne faut pas hésiter à les utiliser pour éviter des incidents (accidents) ou des compétitions tronquées car seulement réalisables sans vent ou vent de face.
Les yeux rivés sur le prix
Quel est le moment dont vous êtes le plus fier dans votre carrière ?
Voici une liste de ces moments tous aussi importants :
Quand j’ai la reconnaissance de la communauté parachutiste internationale de la discipline que j’entraîne pour les résultats obtenus. Quand vous n’avez jamais pratiqué la discipline vous-même cela est une grande fierté.
Notre titre en 1991 en FS4 avec une équipe renouvelée à 50% et face à une grande équipe américaine qui était plus rapide que nous. La stratégie mise en place a permis de réaliser l’impossible les faire douter et nous faire gagner. J’en suis très fier.
Le premier titre FAI de VFS remporter par la France. Quand j’ai entraîné cette équipe le projet semblait utopique voire fou et pourtant à force de passion, motivation et conviction l’improbable est réalisable.
Certains titres en artistiques en Freestyle, le podium freefly au Brésil championnat du Monde ou la France fait 1, 2 et 3.
Les titres acquis par Cédric Veiga Rios et par équipe en CP français et ceux à venir….
Mais ce qui me rend le plus fiers et qui a le plus de valeurs à mes yeux sont les liens étroits, de fraternités et d’amitiés que j’ai conservés avec pratiquement tous les sportifs que j’ai eu la chance de sélectionner et d’entraîner.