19 juil. 2024 - Actualités - Ligue Pays De La Loire

L’engagement RSE de l’école de parachutisme de Saumur

Animation Fédérale Vol Relatif 2024

Interview de Raphael Plantin, Directeur Technique de l’école de parachutisme de Saumur

Raphaël Plantin, vous êtes le directeur technique de cette école de Saumur. Pouvez vous nous la décrire ?
L’école de Saumur a été créée au début des années 80. C’est le petit club du Mans qui est venu s’installer sur l’aérodrome de Saumur. Ça a évolué tranquillement au début des années 2000. L’école a changé d’avion et a pris un Pilatus, qui est toujours l’avion utilisé au sein de l’association. L’école s’est développée ensuite. Aujourd’hui, nous réalisons entre 12 000 et 14 000 sauts. Nous sommes en association loi 1901. Nous avons donc des élus, bénévoles, qui la dirigent, insufflent la politique et m’ont chargé de la mettre en œuvre avec l’appui de six et sept salariés chaque année et, surtout, un nombre incommensurable de bénévoles.

Cette politique, cette stratégie qui a été voulue par les élus, sous l’égide de la Fédération française de parachutisme, comporte aussi une attention très particulière, portée au développement durable. Nous allons aller le découvrir avec vous pour comprendre comment est-ce que vous le concrétisez.
I
l y a eu une grosse politique d’investissement sur les locaux en 2013, parce que, par le passé, le club de Saumur était simplement un hangar avec des bâtiments sommaires. Le fait d’être Pôle d’excellence fédéral nous a obligés à avoir des locaux qui nous permettent d’accueillir les pratiquants tout autant que les équipes de France dans les meilleures conditions. Donc, une première politique de développement en 2013. Par la suite, l’école a poursuivi cette politique avec les élus successifs. Suite à la période de Covid, nous avons souhaité continuer à nous développer au travers d’un club house beaucoup plus attrayant. C’est de là qu’est partie la démarche environnementale, initiée, déjà, durant ces premières périodes de travaux. Un de nos élus, très porté sur le sujet, avait souhaité réaliser une étude  de compensation carbone. Nous nous étions rapprochés d’une association parisienne pour évaluer la consommation de kérosène de l’aéronef, pour, ensuite, réaliser des plantations d’arbres dans différents pays. Cela répondait à ce moment-là à nos attentes ; mais, par la suite, cela nous a interpellés car nous n’avions pas de suivi sur les flux financiers, comme par exemple connaître précisément l’enveloppe dédiée aux frais de fonctionnement versus celle concernant la plantation d’arbres. De là est partie notre volonté de déployer une neutralisation carbone concrète et réaliste. Donc, première étape, analyser notre consommation ; deuxième étape, déployer des mesures compensatoires. Nous tenions à nous rapprocher du tissu local qui nous semblait plus cohérent pour avoir une vision concrète. L’objectif pour nous était de lancer un appel à projets suivi d’une sélection. Entre temps est arrivé le Covid. Nous avons donc changé un peu notre fusil d’épaule en commençant par nous équiper, par exemple via l’achat d’un véhicule de piste électrique. Cela faisait écho à notre approche environnementale mais s’inscrivait aussi dans notre volonté de participer à la relance économique, en participant un petit peu à notre niveau à la vie de notre pays qui était alors en complet ralentissement. Cela a été une première action. Ensuite, nous avons vraiment intégré la partie environnementale avec des chauffages à inertie, dans le cadre de la RT2012 pour les locaux, afin que les usagers n’aient pas froid l’hiver et pas trop chaud l’été.

Nous allons découvrir tout cela et suivre ce parcours vertueux que vous avez créé ici, sur cette école de parachutisme de Saumur. Raphaël, tout ce cheminement que vous avez mis en place est très concret. Alors autant commencer peut-être par la base, le compostage.
Exactement ! Comme je le dis souvent, dans BPJEPS, il y a le E et le P, pour Education Populaire. Nous avons voulu revenir aux fondamentaux en nous interrogeant sur les actions qu’il serait possible d’insuffler auprès de nos adhérents. La première chose que nous avons souhaité mettre en œuvre a été le tri sélectif, donc le club s’est équipé d’un compost. Cela permet de sensibiliser. Ensuite, nous avons des poubelles noires et des poubelles jaunes. Nous avons mis en place des machines à café qui broient le café, également, sans doses plastiques à jeter. Toutes ces idées me sont venues tout simplement par le biais de ma fille qui, à l’école, faisait des petits pique-niques avec le moins de déchet possible. D’où notre envie de traiter toutes ces problématiques via ce prisme.

On le voit aussi, Raphaël, ce bâtiment est d’une blancheur étincelante, mais ce n’est pas pour rien ?
Exactement. A nouveau un choix des élus. En 2013, en commençant la remise à neuf des locaux, la couleur blanche a été choisie pour casser la chaleur l’été. Cela reflète les rayons et nécessite juste un entretien tous les trois ou quatre ans, en nettoyage à haute pression, pour bien maintenir les bâtiments de cette couleur. Dans les autres mises en place, on peut le voir sur la partie droite, des récupérateurs d’eau qui nous permettent, en ce mitan d’été et malgré la chaleur, de maintenir les plantes dans un bon état et de jouer sur un autre volet : la biodiversité, puisque les insectes trouvent de quoi s’épanouir dans ce petit terrain jeu.

On le voit aussi derrière vous, des accès électriques pour les véhicules. Est-ce parce que de plus en plus de licenciés viennent avec un véhicule électrique ?
Cela fait partie de ce que nous avons mis en place en 2024. Notre politique est de favoriser la venue au club sur de longs séjours. Nous souhaitons favoriser la venue de nos pratiquants par covoiturage ou par transports en commun. D’ailleurs, l’association réfléchit à proposer la gratuité des hébergements pour ceux qui pourraient justifier d’un billet de train. Nous avons aussi tenu à favoriser la venue en véhicule électrique puisque de plus en plus de gens sont équipés. Donc, durant l’hiver, les élus m’ont demandé de mettre en place ces prises électriques qui permettent aux adhérents de recharger leur véhicule durant leur séjour, d’un week-end, ou d’une semaine.

Autre point important, derrière vous, on voit des bungalows qui sont très spécifiques.
Complètement, ce sont des bungalows qui ont été mis en place suite au Covid et qui sont particulièrement bien isolés. Ils ont la particularité d’avoir un toit végétalisé pour avoir des pièces relativement fraîches durant l’été.

Vous avez tenu à mobiliser les usagers dans toutes les strates, toutes les étapes. Et là, on le voit avec ces petits panneaux affichés partout. Alors, avec une petite note d’humour, ils disent quoi ces panneaux ?
N
ous avons mis en place des récupérateurs d’eau de manière à pouvoir arroser nos plantes durant l’été. L’objectif élargi était aussi de sensibiliser nos adhérents sur la consommation d’eau. Nous avons donc simplement réalisé de petites affichettes rappelant qu’une douche de deux, trois minutes permet d’économiser de l’eau et chaque goutte gagnée a un grand impact sur la planète.

Raphaël, on vient de voir de la récupération d’eau ; on vient de voir cet affichage autour de la sensibilisation sur la durée des douches. Et puis, derrière vous, on voit une piscine. Quelle explication ?
C
‘est un sujet qui a fait l’objet de nombreuses réflexions avec les élus. Cela pourrait ressembler à une contradiction entre le fait de sensibiliser nos adhérents sur la consommation d’eau, de mettre des récupérateurs d’eau et que les utilisateurs puissent bénéficier d’une piscine. L’esprit qui nous anime et qui s’étend à notre réflexion sur la consommation de kérosène, c’est de se dire qu’à un moment on ne peut pas “être plus royaliste que le roi”. Le parachutisme est une activité de loisir. Notre conclusion a été que quelqu’un qui ne part pas se baigner en Guadeloupe ou qui ne prend pas l’avion pour partir en vacances loin, s’il pratique une activité de parachutisme raisonné à 40, 60 sauts par an, son bilan carbone est cohérent. Concernant notre gestion de l’eau, nous sommes partis du même postulat. Si nous sommes en capacité de mettre en place des récupérateurs d’eau, de limiter les douches, d’être attentifs au lavage de la vaisselle, cela doit nous permettre d’octroyer des petits moments de plaisir via la piscine.

On voit aussi derrière vous ces fameux toits végétalisés qui, effectivement, permettent de limiter la chaleur mais aussi de créer d’autres zones vivantes, je suppose ?
Plusieurs intérêts en effet : le premier, sur la chaleur puisque ça permet de mettre un petit peu plus d’inertie quand on a des saisons très, très chaudes ; le deuxième, c’est la biodiversité puisque c’est aussi un joli terrain de jeu, un petit peu comme les fleurs, pour les petits insectes et la biodiversité.

Et on la retrouve cette biodiversité sur ce terrain, avec ce fauchage, on le voit, qui est un fauchage très raisonné.
C’est ce que l’on appelle un fauchage tardif. Nous n’entretenons que les zones  extrêmement limitées de posé avec une tondeuse. Ensuite, c’est en étroit partenariat avec la mairie de Saumur qu’il a été décidé de mettre en place ce fauchage tardif, justement pour maintenir une belle biodiversité sur l’aérodrome de Saumur. Cette démarche va se retrouver dans le cadre du projet des panneaux solaires de l’autre côté de la piste. Nous sommes aussi très fiers de la présence d’un papillon extrêmement rare été qui a été identifié. Même s’il risque de ralentir le projet, il ne devrait pas le compromettre.Mais notre volonté d’action porte sur de multiples angles. Par exemple, dès le début de nos démarches environnementales et en intégrant le groupe de travail de la Fédération, j’ai découvert que le CNOSF avait mis en place un label pour les compétitions. En me penchant sur le label, j’avais par exemple constaté qu’il était demandé d’être labellisé pour les plateaux repas. Nous avons donc voulu déployer ces actions simples durant la préparation de ce stage d’animation nationale fédéral. De même, le côté co-voiturage a été vraiment pris en compte en cherchant à identifier les points où les gens pouvaient se regrouper pour covoiturer. Forts de tous ces éléments, quand nous avons été désignés pour organiser cette animation territoriale, j’ai tout fait pour que les participants soient covoiturés, pour aller chercher quelqu’un à la gare, en résumé, pour favoriser ce type de déplacements. Dès que nous avons eu les convocations, j’ai ouvert un groupe et j’ai adressé un mail pour que les stagiaires intègrent ce  WhatsApp de manière à pouvoir être autonomes pour s’organiser. Et c’est ce qui a été fait puisqu’ils ont échangé naturellement. De notre côté, nous déclinons cette même démarche au niveau du club et ça marche très, très bien. Chacun peut s’exprimer en indiquant « Je vais partir à telle heure en voiture » ou autre et cela fonctionne vraiment bien.

Dans le hangar, on voit l’intégralité de votre matériel. Mais en ce lundi, on se rend compte que tous les parachutes sont accrochés et qu’il n’y a pas de vol aujourd’hui. Pourquoi ?
D
ans la convention avec la mairie, nous sommes limités le samedi à une pause méridienne d’une heure et le dimanche à une pause méridienne d’1h30. Ce sont les suites des réunions que nous avons eues avec les élus et la sous-préfecture. En revanche, depuis cette année, nous avons décidé d’être vigilants, sans signer de conventions particulières, en mettant en place un jour sans vol, en l’occurrence, le lundi. Nous en profitons pour faire de la formation PAC. Si d’aventure nous étions amenés à voler, ce qui peut être le cas quand les équipes de France viennent en entraînement, bien que n’ayant pas d’engagements signés, nous pouvons nous le permettre simplement parce que nous l’avons mis en place avec bon sens. C’est donc important. Cette flexibilité-là est essentielle. On entend beaucoup de clubs qui sont sujets à des horaires de début de séance, de fin de séance, voire à des limitations. C’est extrêmement contraignant. Si je prends une journée comme samedi dernier, nous avons commencé notre activité à 11 h. Si nous étions contraints par une fin de séance à 19h, cela aurait été compliqué pour nous. Il faut garder à l’esprit que nous avons sept salariés au pic d’activité. S’il n’y avait pas un volume de sauts, la viabilité économique de l’association serait remise en question.

Un dernier mot sur ce qui nous amène à être là aujourd’hui, cette animation territoriale pour laquelle Saumur est en train d’accueillir les stagiaires. Quelle en est l’importance pour l’école, pour la pérennité du club, pour la modélisation de l’accueil des pratiquants ?
Nous sommes depuis des années un pôle d’excellence. Nous accueillons ce que j’appelle le réservoir des éventuels athlètes de haut niveau. C’est-à-dire que les entraîneurs viennent chez nous pour impulser ce vivier. Quelques grands athlètes sont passés par Saumur ; je pense à PAMÉLA LISSAJOUX qui a fait ses premières armes ici, à Guillaume Dubois, à Alexandra Petitjean. Il a toujours été important pour nous de ne pas être cantonnés à une activité mercantile, en pratiquant uniquement de la PAC et du tandem. Le suivi des élèves est extrêmement important. Et puis c’est toujours avec une grande fierté que nous voyons nos équipes de France partir en compétition aux championnats du monde ou autre. Alors, pour alimenter ce réservoir, il faut mettre en place des animations, il faut présenter sa candidature, être acteur de ce genre d’action.

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