Ce samedi 09 novembre 2024 marquait le départ en retraite de Philippe Schorno, au sein de France Parachutisme, association présidée par Thierry Courtin, à Gap-Tallard. Une soirée emplie de souvenirs partagés, d’amitié et de cohésion autour d’un sport fédérateur. Nombreux sont ceux qui ont tenu à participer à ce moment convivial, parfois en traversant la France.
Yves-Marie Guillaud, Président de la Fédération Française de Parachutisme, Jean-Michel Poulet, Directeur Technique National, ont souligné « Une carrière exceptionnelle, durant plus de 40 ans, mais, surtout, une influence profonde sur des générations d’athlètes, qu’il a inspirés et guidés vers le plus haut niveau mondial ». Ses anciens coéquipiers, ont rendu hommage à une vie entière consacrée à la compétition.
Après ses débuts en préparation militaire parachutiste, il cède au frisson de la compétition et participe au Championnat de France en Vol Relatif à 4, catégorie Excellence, avec l’équipe « Les Quadrige », à Vichy, en 1982 … et obtient sa première victoire. Un goût pour l’or qui ne le quittera plus jamais ! L’année suivante, Philippe faisait équipe en Vol Relatif à 4 N1 (notamment avec Polo Langlade, ex-équipe de France Icarius). Peintre en carrosserie de formation, il quitte ses fonctions, à 25 ans, afin d’intégrer une équipe VR4, en octobre 1984, sur sélection de Jean-Michel Maheu et Charly Baum. Philippe visait alors la sélection en Equipe de France de Vol Relatif à 8, dirigée par Francis Joinville. Il sera finalement choisi pour préparer les Championnats du monde de 1985 sous le capitanat de Frank Mahut. Il rejoint donc -sous son surnom « La Teigne » 🙂 – l’équipe VR4 des « Coca-Cola de Bergerac » alors composée de Frank Mahut et Eric Fradet (déjà champions de France Excellence « N2 » en 1983), Bernard Cétier et Pierre Bret, pour préparer les Championnats du Monde en ex-Yougoslavie. En 1985, sur la dropzone de Mali Losinj, ils obtiendront une médaille de bronze. L’aventure se poursuit, l’année suivante, toujours à Bergerac, en VR4 encore, avec Frank Mahut, Eric Fradet, Jérôme Bunker (dernière recrue de cette équipe). Une particularité : leur vidéoman régulier, Jean-Marc Champilou, sera le 1er vidéoman officiellement titré Champion du Monde, en 1989.
L’année 1986 sera triomphante, au niveau international, en VR4, à Lapalisse. Cette victoire donnera lieu à une sponsorisation de @TAG Heuer, en la personne d’Azziz Ojjeh, qui leur permettra de s’entraîner dans les meilleures conditions, en Floride (Etats-Unis). C’est ainsi que la France gagne le premier titre de Champion du Monde de VR4, à Foz do Iguaçu (Brésil), en octobre 1987, après une saison de 1 400 sauts avec entraîneur et avion personnel. Suivent deux saisons supplémentaires avec les mêmes équipiers en VR4 -et le retour de Jean-Marc Champilou à la caméra- jusqu’aux Championnats du Monde d’Empuriabrava (Espagne), en septembre 1989.
Après la retraite sportive de Frank Mahut et Jérôme Bunker, fin 1989, Philippe devient entraîneur d’une équipe de Vol Relatif à 4 et intègre deux jeunes qui montent : Jérôme David et Patrick Saget, toujours avec la présence d’Eric Fradet et Jean-Marc Champilou. Sa persévérance lui permettra de remporter la Coupe du Monde 1990, à Tallard, en tant que compétiteur et entraîneur. C’est alors le début d’une seconde carrière. Les Championnats du Monde de VR4 en 1991, à Lucenec (Tchécoslovaquie), sont une consécration car toute l’équipe doit sa victoire à ses qualités de meneur d’hommes, en particulier dans une compétition d’anthologie par son âpreté. Cette équipe poursuivra sur sa lancée en remportant chaque échéance, avec une apothéose à Eloy (Arizona).
A l’issue de cette compétition, Philippe passe avec succès le concours d’entrée au professorat de sport à l’INSEP, en 1994. Homme de terrain, doté d’une grande qualité de meneur d’hommes (et d’un caractère à la hauteur de ses titres exceptionnels diraient certains :)), il bascule assez naturellement de compétiteur à entraîneur. D’abord, avec un passage à l’international, comme entraîneur de l’équipe américaine de VR4, puis du Danemark. Il réussira ensuite le concours de professeur de sport et rejoindra la DTN de la Fédération Française de Parachutisme, en 1996, comme entraîneur de l’équipe de France de VR8.
Il reconstruit alors, presque intégralement, une équipe de VR8 avec des jeunes (Loïc Jean-Albert, Stéphane Zunino, Emmanuel Ars, Paulo Grisoni, Erwan Pouliquen), qu’il mènera aux sommets durant 3 années. Une dynamique qui prendra fin en 1999, en Australie, laissant un goût d’inachevé qui donnera naissance au dicton favori de Philippe : « Malheur aux vaincus ! »
Entraîneur dans l’âme, pluridisciplinaire, il devient le coach des équipes artistiques dès l’an 2000, et pendant une dizaine d’années, avant de remettre les clés à Sébastien Chambet. Il accompagne là-aussi les compétiteurs avec exigence, avec toujours ce leitmotiv transversal : « Le plus important n’est pas de gagner. Il n’y a, en réalité, que ça qui compte. »
Il enchaîne avec une discipline d’équipe faite pour lui et par lui, dont il est, en quelque sorte, l’instigateur au niveau de la FAI : le Vol Relatif Vertical, créé en 2008. Il s’illustrera dans la discipline avec l’équipe nationale dès la première Coupe du Monde à Eloy (Etats-Unis) Par la suite, il donnera, de 2009 à 2014, la pleine mesure de ses capacités puisque l’équipe qu’il a créée, avec Raphaël Coudray, est restée invaincue au niveau mondial. Discipline pour laquelle il a une affection particulière car elle le ramène à ce qu’il aime le plus et sait faire de mieux : gérer le collectif dans la préparation physique, technique et mentale.
Que ce soit en saut d’avion d’abord, puis, en soufflerie, Philippe est dans son élément. C’est donc tout naturellement qu’il enchaîne au poste d’entraîneur de 2015 à 2019 avec le Dynamic qu’il continuera à gérer en tant que sélectionneur jusqu’à Macao (RASM), en 2023. Innovateur jusqu’au bout en tant que manageur général de la soufflerie, il met en place, avec son collègue Mathieu Bernier, le jugement en direct en soufflerie.
En parallèle, Philippe a pris en main dès 2014, et jusqu’au jour de son départ, les destinées d’une discipline longtemps décriée : le Pilotage sous Voile. Après deux ans en binôme, Cédric Veiga Rios lui succède, en qualité d’entraineur national de PSV. Nul doute que ce dernier aura à cœur de préserver l’héritage sportif et de poursuivre dans la même ligne directrice qui a structuré la discipline.
Sur l’ensemble de sa carrière –et pour ne parler que des médailles d’Or en Championnat du Monde, puisqu’il n’y a que celles-là qui comptent dans son esprit-, au total, ce ne sont pas moins de 4 médailles d’or comme compétiteur et 24 titres en tant qu’entraîneur d’équipes Championnes du Monde.
Pour nombre de compétiteurs, cela aura été un privilège d’avoir eu un tel coach, capable de mobiliser les équipes, d’inspirer par sa détermination et son expertise technique des disciplines. Philippe a marqué plusieurs générations de sportifs. Pour tous ceux-là, et les prochains, il aura été bien plus qu’un compétiteur ou un entraîneur : il restera un modèle de réussite pour toutes les générations montantes qui essaient de se construire dans le sport.
