19 déc. 2024 - Actualités - Portrait de

Portrait de Éric Simonin – Une curiosité insatiable qui pousse à réaliser ses rêves

Eric Simonin incarne, dans son sens le plus pur, l’esprit de curiosité, d’aventure et de goût du sport, propres au parachutisme. Né en 1959, il est le fils d’un artisan et d’une commerçante et grandit dans un environnement où le travail manuel est valorisé. Dès l’âge de cinq ans, certainement encouragé par les discussions de cour de récré et les livres, Éric rêve de devenir pilote d’hélicoptère. Cette ambition aéronautique le pousse à intégrer l’armée à seulement 15 ans, en janvier 1975. L’orientation scolaire n’étant pas très précise à l’époque, il se dirige vers l’école d’enseignement technique de l’armée de l’air (EETAA 722, que l’on appelle aussi « Les Arpètes ») à Saintes (17) et se tournera finalement vers les télécommunications. Cette institution renommée dispense à ses élèves une formation militaire rigoureuse et les prépare aux diplômes de l’Éducation nationale. Éric enchaîne avec une spécialisation à l’école de l’Armée de l’air de Rochefort et il est affecté comme mécanicien hertzien, à Lyon, sur le mont Verdun, point culminant des monts d’Or et de la métropole

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Le désir d’expérimentation comme moteur

Parallèlement à sa carrière militaire, il découvre le parachutisme « en rond » à Royan (17). À 17 ans, il effectue ses premiers sauts en méthode traditionnelle avec des camarades de l’école, et se passionne rapidement pour cette activité sportive. Dans les années 70, le parachutisme se structure, évolue considérablement au gré des innovations, propulsées par l’expérience terrain. « Bien sûr, nous étions jeunes et nous ne participions pas aux développements à proprement parler, mais assister à la démocratisation de l’activité parachutisme était très enthousiasmant ! » explique Éric. 

Après sept années passées dans l’armée, il décide de se tourner vers le secteur civil. Véritable touche-à-tout, il travaille successivement dans l’industrie, puis le bâtiment, avant de s’orienter vers l’artisanat d’art. Fasciné par les matières brutes. Éric apprend, expérimente et se forme, avide de connaissances et de technique. Cet attrait pour les matériaux et le travail manuel trouve ses racines dans les journées passées avec son père, électricien, durant lesquelles il a appris à apprécier la patience de la création artisanale. La passion du travail bien fait, alliée à une curiosité insatiable, le pousse à explorer sans cesse de nouveaux horizons. Il travaille ainsi le métal, la terre, le bois, la pierre, et construit de ses mains sa maison y voyant une forme d’art qui lui permet d’allier créativité et savoir-faire technique, ainsi qu’un atelier de bricolage, lieu d’expérimentations diverses. Après avoir fait le tour de différents métiers dans l’artisanat naît l’envie de s’essayer au soufflage du verre, dernière corde manquante à son arc. Il tente alors de faire fondre une bouteille de bière et d’en faire quelques gouttes de verre. Après quelques essais plus ou moins fructueux, il conclut que l’art du verre ne peut s’apprendre seul. Loin de rester sur un échec ou une frustration, Éric se renseigne sur les formations, et décide, à presque 40 ans, de se lancer dans une formation spécialisée.  Une démarche tardive, mais endurcie de détermination, qui étonne d’abord le directeur de la formation, qui lui accorde une année sans grande conviction, pour faire ses preuves. Mais, comme souvent, c’est dans l’adversité que les forces se révèlent. Avec pugnacité, Éric agrège son expérience manuelle, sa connaissance presque biologique des matériaux au service de l’apprentissage de l’art difficile et sublime, du soufflage sur verre. Et cela paye ! Son talent éclate au grand jour : il termine major de sa promotion après deux ans d’apprentissage intensif. Diplôme obtenu, il monte son propre atelier, qu’il construit intégralement, car pourquoi faire autrement, et se fait rapidement un nom dans le milieu artistique. Tout à son image, son atelier est le conglomérat de tous ses savoir-faire, allant jusqu’à fabriquer ses outils, son propre four. Ses pièces sont exposées à travers le monde, témoignant de son savoir-faire exceptionnel et de la réalisation d’un projet inscrit dans son identité.

Le goût de la transmission

Quand on est aussi passionné que peut l’être Éric, cela transparait dans tous les aspects de la vie : associatif, sportif, personnel et familial. C’est donc tout naturellement qu’au fil des années, il a su propager cet amour du métier à deux de ses cinq enfants. Alors, à 62 ans, et après 25 ans de soufflage de verre et de créations de pièces artistiques dans son atelier d’art à Brantôme, Éric a transmis sa canne à souffler à son fils aîné. Il dirige désormais l’atelier avec sa compagne, perpétuant ainsi la tradition familiale. Témoin du passage d’un artisan à l’autre, d’une main striée par les gestes experts répétés à celle, plus lisse, d’une jeunesse qui s’empare de l’outil symbolique pour tracer son propre chemin et écrire la suite de l’histoire familiale. Sa fille aînée a elle aussi été contaminée par le virus du soufflage, et s’est spécialisée dans les plus petites pièces et la bijouterie, en ouvrant son propre atelier, dans la Drôme.

S’épanouir, à tous les niveaux, par le sport

En parallèle de sa carrière d’artisan verrier, Éric Simonin a toujours été animé par le sport. « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été très sportif et, surtout, passionné, curieux de tout et compétiteur dans l’âme avec l’envie de tout donner, de faire tout pour atteindre mes rêves et objectifs. » Après la découverte du parachutisme, il n’avait pas pu poursuivre, mais est toujours resté sportif. Il a notamment participé à des compétitions de moto trial et quad trial, décrochant même un titre au Championnat de France. Au-delà du dépassement de soi, c’est la stratégie de jeu autour de la pratique qu’il trouve formidable, et qui lui permet de mettre à profit son sens de la compréhension des mécanismes, avec une grande attention portée aux détails. Passionné par l’aéronautique depuis toujours, il reprend le parachutisme après une pause de 25 ans, ravi de renouer avec des sensations qui ne l’avaient jamais quitté : « Pendant toutes ces années, j’avais mis le parachutisme de côté, mais je savais qu’un jour, je remonterai dans un avion pour sauter. Ce jour est arrivé en septembre 2012… à Royan, là où tout avait commencé. Les années étaient passées, mais l’envie et le plaisir étaient toujours présents ! » Il s’inscrit donc pour un stage PAC et retrouve les sensations qui l’avaient tant captivé autrefois. De son propre aveu, Éric, « pas particulièrement doué pour les disciplines en chute libre, mais très attiré par le vol sous voile » rencontre Jacques Baal, que le hasard des rencontres a placé habilement sur son chemin. Jacques l’initie à la voile hybride et à la Précision d’Atterrissage. Éric confie avec enthousiasme « Une discipline qui consiste à poser le talon sur une pastille jaune de 2 cm de diamètre, après un saut à 1 000 mètres… Cela peut paraitre simple, mais c’est en réalité une discipline extrêmement exigeante et complexe. Il fallait que j’essaye ! »

Peu après, Jimmy Arendt propose une formation de PA à Cahors, à laquelle Éric s’inscrit. Il raconte : « J’ai véritablement adoré l’expérience ! Grâce à la patience de Jimmy et à tous les conseils qu’il a pu me donner, j’ai validé le brevet B1… Le Graal ! Il m’ouvrait la possibilité de sauter avec une voile de PA et de participer à des compétitions. » À partir de là, tout s’est enchaîné. Éric développe : « Jimmy m’a accompagné pour ma première compétition à Kerpape, en Bretagne où j’ai terminé à la dernière place, mais très heureux d’avoir participé ! Je n’avais qu’une envie c’était de faire mieux la prochaine fois, je réalisais que j’avais chopé le virus para conscient de l’ampleur du chemin à parcourir, je me suis astreint à une grande préparation. Je me suis beaucoup entrainé, avec l’envie de progresser en PA, connue pour être la plus ancienne discipline du parachutisme.  Bien sûr l’esprit de compétition était là mais toujours bien entouré par la camaraderie et l’amitié. C’est toujours un immense plaisir de se retrouver entre copains qui partagent la même passion, nous formons une grande famille ! »

En avril 2016, après de nombreux sauts, Pascal Ghriss, qui deviendra par la suite entraîneur de l’équipe de France de Précision d’Atterrissage et Voltige (PAV), a remarqué Éric et lui a suggéré de devenir formateur. Séduit par l’idée, il travaille vers cet objectif, valide sans difficulté l’examen, et devient ainsi initiateur. Il commence à former des parachutistes, notamment lors de stages pour l’armée de l’air à Cahors. Avec l’aide de Pascal et de Jimmy, ils montent ensemble un stage de précision d’atterrissage (PA) à Pamiers. L’engouement a été inattendu, attirant de nombreux parachutistes, habituellement plus adeptes du vol relatif et du freefly. Ils ont aussi ouvert le stage à des PAtistes confirmés pour leur offrir la possibilité de s’entrainer davantage, et inspirer les plus débutants. Ce stage est devenu le plus important jamais organisé, avec plus de 1 000 sauts de PA effectués. La météo parfaite -sur un mois de février- a permis aux participants de s’entraîner dans des conditions idéales. Éric revient sur ce temps fort : « l’impact de ce stage a été considérable, certains participants m’en parlent encore aujourd’hui, soulignant l’utilité des compétences acquises. Cela nous a permis de réaliser qu’il y avait un potentiel énorme à développer dans cette discipline, qui connaissait un certain déclin en France. Dans d’autres pays, la PA attirait des parachutistes plus jeunes, et nous avons voulu nous inscrire dans cette tendance à ce moment-là. » Succès retentissant, bien qu’inattendu, ce sont 24 brevets B1 qui ont été délivrés sur 10 jours. Cette expérience à Pamiers a marqué un tournant dans le parcours d’Éric, confirmant sa passion pour la précision d’atterrissage et renforçant sa détermination à progresser dans cette voie.

C’est François Barriot qui initie Éric Simonin à l’ascensionnel, dans son école de Saint Yan (71). Le bricoleur endurci découvre que l’on peut décoller, tel un cerf-volant, en étant tracté par une voiture ou un treuil, et imagine de suite les possibilités infinies pour la pratique, en particulier pour s’entrainer en PA. Une discipline exaltante par son efficacité et sa rapidité, permettant d’enchaîner plus de vols qu’en saut d’avion classique. Il réalise de nombreux vols en ascensionnel, d’abord à Saint Yan, puis au GIPS, à Persan Beaumont (95). Il passe alors toutes les qualifications nécessaires, pour devenir technicien fédéral, puis moniteur fédéral en ascensionnel, et cumule rapidement 1 500 vols.

La conception d’un treuil pour automatiser la pratique en ascensionnel

Toujours un projet en tête et entre les mains, Éric a construit son propre treuil à partir d’un scooter Suzuki 400 CC. Il a même aménagé un véhicule type petit utilitaire pour se déplacer partout avec son équipement de parachutisme. Ce projet a nécessité un an de travail, de réglages et de mises au point, avant d’être parfaitement optimisé et sécurisé. Son treuil a notamment servi lors de plusieurs stages et compétitions, notamment au Championnat de France 2024, à Pujaut (30).

Depuis 2 ans, Éric utilise un nouveau modèle, électrique et autonome, alimenté par des batteries au lithium rechargeables. Un treuil autonome, découvert en Suède, qu’il a sublimé en améliorant la sécurité et l’efficacité. L’objectif ? Avoir son propre dispositif et être totalement autonome dans la pratique. Pour Éric, c’était un nouveau défi à relever, une innovation à concevoir : « Personne avant moi n’avait utilisé ce type de matériel sur le sol français, mais je savais qu’un compétiteur suédois en Précision d’Atterrissage l’utilisait, et, au vu de ses très bons résultats dans les compétitions internationales j’étais convaincu que c’était une piste à explorer ! »  Il rachète donc l’équipement, et se le fait livrer dans une énorme caisse. Éric en est convaincu, ce treuil pourrait être l’un des outils du parachutisme de demain. « Dès que je l’ai reçu je lui ai apporté quelques petites modifications qui augmentent la sécurité et l’efficacité dans l’utilisation. J’ai effectué en 2 ans près de 2 000 vols, de manière autonome. J’ai acquis une grande expérience dans l’utilisation de ce matériel, je le connais dans ses moindres détails. C’est vraiment une belle machine, très intéressante, qui ouvre des possibilités. Après une formation sur son fonctionnement et les règles de sécurités à appliquer, cette machine pourrait vite devenir un formidable outil. Ses applications dans le domaine du sport aéronautique sont nombreuses : baptêmes, formations, initiations, entrainements, haut niveau… C’est une grande avancée en termes de sécurité, de souplesse d’utilisation, d’efficacité, et d’impact sur l’environnement. En effet, le treuil n’émet aucun rejet de CO2, il est silencieux, ne produit aucune nuisance, et il est très économe.  L’avenir nous le dira, mais je suis persuadé que c’est un bel outil » Ce treuil innovant a effectivement révolutionné l’expérience de vol d’Éric, lui permettant de réaliser pas moins de 2 000 vols en seulement deux ans. Les avantages de ce système sont nombreux et significatifs. Tout d’abord, la sécurité est considérablement améliorée grâce à un système intégré que l’on appelle “homme mort”, qui prévoit l’arrêt automatique du treuil afin de protéger le sautant. Autre avantage significatif, l’impact environnemental est nettement réduit par rapport à une pratique plus classique, qui demande des allers-retours en véhicule motorisé, un moteur de poids lourd et de l’essence ou du gasoil. Sur le plan économique, il se distingue par son efficacité énergétique, une seule charge de batterie suffisant pour assurer une journée d’entrainements. Sa performance est également remarquable, avec la possibilité d’effectuer jusqu’à 50 vols par jour ! Soit plus du double qu’en pratique ascensionnel. Le treuil contribue également à réduire les incidents, particulièrement lors des phases critiques comme le décollage. Enfin, il offre au pilote un contrôle total sur son décollage, améliorant ainsi la maîtrise et la sécurité de chaque vol. « Ce système pourrait être une grande avancée pour la discipline, il offre de nouvelles possibilités pour les écoles et les clubs. Et surtout, il est très simple d’utilisation ! Tous ces paramètres cumulés vous mettent dans une confiance accrue pour l’utiliser en autonomie et voler ! » résume Éric avec conviction.

Un engagement sportif, bénévole et passionné

Parallèlement à ses innovations techniques, Éric continue de participer à des compétitions, fort d’une expérience de pilotage grandissante qui l’aide à progresser rapidement.  Il a été sacré champion à Kerpape en 2024, titre dont il tire une grande satisfaction : « j’en suis très fier, car il m’a fallu 10 ans pour passer de la dernière à la première place ! » Avec une bande de copains, il y a quelques années, ils ont créé l’équipe “BLACK DOGS NICE” et participent aux compétitions en France, mais aussi sur le circuit des Coupes du monde. Éric a décroché cette année le titre de vice-champion de France PA 2024 et l’équipe “BLACK DOGS NICE” a été sacrée Championne de France 2024, consacrant là-aussi l’engagement et la persévérance avec brio.

Par ailleurs, Éric poursuit son engagement aux côtés de Jimmy Arendt, dans la ligue Occitanie en organisant des compétitions sur la région et en partageant leur passion commune. Et parce que la passion rassemble, il y a près de 10 ans, il a créé le groupe Facebook “Précision d’Atterrissage Accuracy Landing”, uniquement dédié à la discipline. Aujourd’hui, cette communauté regroupe plus de 1500 patistes, du monde entier qui échangent et communiquent autour de ce sport.


Avec une telle carrière, Éric a reçu de nombreuses récompenses, qu’elles soient sportives ou professionnelles. Mais, il considère que celles dont il est le plus fier restent, d’une part, la Médaille de Vermeil, reçue en mai 2009, de l’Académie des Arts Sciences Lettres, et la médaille fédérale reçue pour ses actions bénévoles au sein de la communauté parachutiste, remise par Yves-Marie Guillaud en 2023. Une reconnaissance qui confirme combien la démarche de partage et d’innovation dans le monde du parachutisme reste primordiale. Mais surtout, elle illustre le potentiel pour relever des défis et à poursuivre ses objectifs avec détermination dont Éric a toujours fait preuve, des qualités qui l’animent toujours. Son parcours représente un témoignage vibrant de la capacité à transformer des rêves en réalité par le biais du travail acharné et d’une volonté inébranlable.

Son mot de la fin ? Vive la passion ! Vive le sport ! 

Relations presse 
Margaux Schneider – 07 85 83 91 41
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